Deux soeurs valent mieux qu'une : celui qui a écrit cela ne nous connaissait pas !

Messages : 51 Date d'inscription : 31/08/2010

Non non, vous ne rêvez pas, il y a bien une folle brune qui court dans tout le domaine jusqu’au grille. C’est vrai que ca lui arrive souvent à la tatouée de courir mais là, la raison était plus que spéciale.

Combien d’années avait-elle attendu ce jour ? Combien d’années avait-elle rêvé de ces retrouvailles inespérées ? En fait, elle ne comptait plus… Pendant tout ce temps, elle s’était faite à l’idée d’être seule, sans famille, sans époux et sans enfants, préférant l’aventure aux recherches, la Mort à l’espoir. Et aujourd’hui tout s’éclairait ; une lettre, un prénom, et une excellente nouvelle !

Rodrielle n’avait pas attendu longtemps pour répondre à Altariel et pour lui apprendre qu’elle se trouvait à Vienne, dans le domaine d’un beau Vicomte en compagnie de nouveaux amis, pour ensuite partir en Italie. « Rejoins-moi, viens avec nous, tu me manques ». Enfin l’Ombre pouvait être lumière pour quelqu’un, être sincère et montrer ses réels sentiments. Cela faisait tellement longtemps qu’elle ne l’avait pas vu, sa petite sœur d’un an à peine. Comment était-elle à présent ? Allaient-elles se reconnaitre et s’aimer encore ? Qu’allait-elle d’ailleurs penser, la « petite », à la vue de sa grande sœur tatouée jusqu’au cou et dont les cicatrices des combats passés marquaient sa peau blanche comme des rides apparues trop tôt?

Les pas de l’Ombre se ralentirent à cette pensée. De la joie elle était passée à la peur. Comment se reconnaître après cette dizaine année sans nouvelles ? Pour le coup, la donzelle avait peur de décevoir sa petite sœur qu’elle avait tant protégé auparavant. Le souvenir de ces courses dans la forêt, de ces jeux et de ces confidences la nuit à la lueur de la Lune. Tout cela, à nouveau.

Rodrielle était arrivée à la porte. Personne. Elle ne devait pas encore être arrivée, en fait. Donc la donzelle s’appuya contre la grille, les bras croisés, et regarda l’horizon à la recherche d’un signe, d’une ombre, d’une voix…

Tu me manques tellement, Altariel.

Messages : 14 Date d'inscription : 06/09/2010

Après plusieurs années d’absence et d’errance de village en village afin de satisfaire sa jeunesse tumultueuse, Altariel s’était donné un objectif : entreprendre des recherches afin de retrouver sa sœur ainée tant aimée. La trentaine passée elle estimait qu’il était temps des s’assagir et de se responsabiliser. Elle entreprit donc un long périple au travers du royaume dans l’espoir qu’un jour elle entende parler de sa sœur dans une taverne. Chaque soir elle passait de table en table dans l’espoir qu’un buveur encore lucide lui parle de Rodrielle. Souvent déçue dans sa quête, elle n’en profitait pas moins pour descendre quelques chopes et tester son pouvoir de séduction sur la gente masculine.

Un jour sur les routes non loin de Poitiers, alors qu’elle se reposait au bord du chemin, elle surprit la discussion de deux jeunes vagabonds qui prononcèrent le nom de Rodrielle. Son sang ne fit qu’un tour en entendant le prénom qui résonnait dans son cœur. Elle se releva d’un bond et courant derrière les deux manants, les interpela sans autre forme de civilité. Elle les questionna à propos de cette Rodrielle dont ils parlaient, voulant savoir qui elle était et où elle se trouvait. L’un des deux hommes répondit qu’il avait vu la tatouée pour la dernière fois à Poitiers, il y a une semaine de cela. En entendant ces propos, un sourire éclaira le visage d’Altariel, qui caressait enfin l’espoir de retrouver sa sœur. Remerciant les deux hommes d’une révérence elle reprit la route d’un bon pas en direction de Poitiers. Tout en marchant elle ne manqua pas de s’interroger sur ce surnom « la tatouée » que l’un des hommes avait utilisé.

En Arrivant à Poitiers elle se précipita dans la première taverne et questionna le tavernier à propos d’une dénommée Rodrielle que l’on surnommerait la tatouée. Le tavernier connaissait bien une dénommé Rodrielle âgée d’environ 35 ans, qui avait habité Poitiers quelques mois mais qui en était parti, il y a peu, pour une destination inconnue. L’espoir d’Altariel une fois de plus brisé, elle s’installa à une table avec une pinte de bière pour noyer son désespoir. A peine installée à sa table, une femme du nom de Brigide vint s’assoir en face d’elle, lui avoua avoir entendu la conversation et repris en disant qu’avant son départ Rodrielle avait parlé de Vienne. Altariel voulu minimiser sa joie mais impossible et, pour fêter cela,termina sa soirée à la taverne en présence de Brigide.

Après avoir passé une longue et agréable nuit à la taverne, Altariel voulu partir pour Vienne mais elle se souvint avoir à faire à Patay et se rappela qu’elle s’était fixé de ne plus agir sous le coup de l’impulsion ; son passé irresponsable était maintenant derrière elle. Elle décida donc de partir rapidement pour Patay, en diligence, et mit ainsi presque tout son argent dans ce voyage pour aller plus vite.
Arrivée à Patay Altariel consacra en premier lieu son temps à résoudre l’affaire qui l’amenait ici, bien que son esprit divaguait parfois. Après quelques jours elle décidât d’écrire une missive à l’attention de sa sœur qu’elle ferait parvenir à Vienne en espérant qu’elle y soit. C’est deux semaines plus tard qu’elle reçut une réponse de sa sœur lui demandant de la rejoindre au plus vite à Vienne, afin de partir avec elle et sa troupe en Italie.

Malheureusement Altariel se trouvait bloquée dans la bourgade de Patay, n’ayant pas l’argent nécessaire pour faire le voyage jusqu’à Vienne. Il lui fallait donc tentait de gagner de l’argent rapidement ce qui n’était pas chose facile au vu de sa réputation. Elle décida donc de se consacrer deux jours entiers au service de l’Eglise en échange de quelque pièce.

Au bout de ces deux jours Altariel avait tout juste de quoi rejoindre sa sœur à Vienne à condition de se serrer la ceinture et de dormir à la belle étoile.

Messages : 51 Date d'inscription : 31/08/2010

Rien. Toujours rien… Combien de temps elle avait passé appuyée contre cette grille ?
Si vous ne connaissez pas la patience de Rodrielle, vous allez bientôt comprendre qu’elle est mince, très mince. Les sourcils commencèrent à se froncer petit à petit, au fur et à mesure que le soleil descendait vers l’horizon, et bientôt son pied commença à taper la terre avec entrain.

Le silence. Son ennemi juré. Rodrielle n’aimait pas quand tout était calme comme cela. Et ce jour là, pas même une brise venait faire chanter les feuilles d’arbres et aucune bête n’était là pour amener un peu d’occupation à l’Ombre énervée. Non, tout était calme, silencieux, comme si le domaine était devenu un cimetière hanté par des fantômes. Pourquoi n’avait-elle pas amené Torak déjà ? Ah oui, pour ne pas faire peur à sa sœur qui n’était toujours pas là. Trop, c’en était trop.

Didiou ! Mais qu’est-ce qu’il fait ce fichu carrosse ? Savent pas amener les gens en urgence ? Combien ils ont de ch’vaux pour la tirer c’te carriole ? Un seul ? Bande de bourricots !

Et une Rodrielle énervée, une !
Elle commença à faire les cent pas devant la grille, pestant contre tout et n’importe quoi. La lenteur de l’arrivée, l’odeur de terre mouillée, l’absence de Torak, le silence, les arbres et les écureuils… Ce n’était pas le moment d’arriver devant elle et de lui demander quelque chose. La tatouée fulminait, ses yeux devenant plus sombres et ses poings serrés. Après tout, elle voulait juste retrouver sa sœur au plus vite, rien de plus. Juste pouvoir la serrer dans ses bras et l’embrasser, sa petite sœur.

Là, tout de suite, maintenant ! Non non, elle n’est pas capricieuse la donzelle, pas du tout… qu’allez vous imaginer encore ?

Messages : 14 Date d'inscription : 06/09/2010

Lorsqu’Altariel eu rassemblé toutes les affaires nécessaires pour le voyage, elle déposa quelques sous sur le comptoir de la taverne avant de refermer délicatement la porte et s’en alla pour l’aventure. Une fois dehors au contact de l’air frais du matin, elle réalisa que le chemin allait être long, et à cette réflexion songea à une solution. C’est à ce moment bien évidemment que son regard se posa sur la diligence qui l’avait mené jusque Patay deux semaines auparavant stoppée sur le bas côté à la sortir du village avec son propriétaire complètement ivre mort allongé sur le sol.

Une idée survint alors à l’esprit d’Altariel, pas très honnête certes mais bien présente quand même, qui se ressaisit et songea de nouveau à son passé définitivement résolu. Mais sa conscience lutta et lui dit que c’était pour une juste cause : celle de retrouver sa sœur perdue de vue depuis bien trop longtemps. C’est ainsi que dans la pénombre Altariel observa autour d’elle que personne ne l’épiait, couru vers la diligence et s’en emparât en jetant les quelques sous qui lui restait dans sa bourse sur l’homme inconscient.

En cours de route Altariel se senti coupable de son acte (pas au point de faire demi tour non plus) : « tout de même prendre ainsi une diligence sans l’accord de son propriétaire,... ». Elle songeait déjà comment se faire pardonner : « pourquoi pas une lettre pour expliquer la situation et lui dire que je lui ferai parvenir sa diligence plus tard dans le mois. Bien évidemment tout cela signé anonymement, de manière à ne pas se faire prendre ».

Altariel roula plusieurs jours sans s’arrêter, ou alors pour prendre juste le temps de recouvrer quelques forces, afin d’arriver au plus vite dans les bras de sa sœur. Par manque de provision elle s’arrêta à plusieurs reprises une journée entière dans des villages pour travailler et s’acheter de quoi manger pour ne pas finir famélique et arriver au bout du voyage.

Ne lui restant plus que cinq villages à traverser, Altariel décida de faire un maigre ravitaillement au vu de l’épaisseur de sa bourse et parcouru les villages en deux jours à peine. C’est un matin de bonne heure qu’elle aperçu l’entrée de Vienne. Dans sa diligence (enfin celle du pochtron de Patay) elle se trouvait l’air importante au vu de tous ces vagabonds qui fatigué par leur longue marche peinaient à arriver jusqu’à la grande porte.

A l’entrée nul besoin de prouver n’était pas un brigand ou autres fripouilles ; on la laissa passer sans même vérifier l’intérieur de sa diligence. Un seul regard croisant les yeux verts d’Altariel suffit au gardien pour se laisser envouter et faire confiance aveuglément à la demoiselle. L’homme afficha un sourire qui trahi son désir -désir non partagé à la vue de sa dentition non entretenue au fil du temps- et lui lance un :

"bonjour m’dame, bienv’nue chez Vienne."

Altariel aimait cette impression de grandeur et de respect et, de ce fait, joua le jeu en en rajoutant un peu et s’enquit d’alpaguer cet homme au sourire repoussant. Relevant la tête pour se donner un air plus hautain encore :

"Excusez portier, veuillez m’indiquer le chemin à prendre pour me rendre au château de Saint Priest, j’ai une affaire de haut lieu qui m’y amène et dois m’y rendre dans les plus brefs délais."

Du haut de son perchoir sur la diligence elle avait vraiment l’air d’une Dame et non d’une jeune vagabonde tout juste entrée dans la réalité du monde. L’homme aux portes de Vienne se retourna vers Altariel, de nouveau avec ce monstrueux sourire au visage. Il avait compris « chemin » et « château de Saint Priest » donc conclu en lui répondant :

"S’pas loin du tout m’dame, faut cont’nuer l’grande route toute droite pi là bas dans l’bout y a un bout d’bois avec pour où est s’qui faut aller."

Sur ces paroles qu’elle dû déchiffrer, Altariel continua le long de l’avenue principale jusqu’à un panneau lui indiquant que le château de Saint Priest se trouvait sur sa droite. Dans un dernier effort elle donna un dernier coup de rennes aux chevaux et arriva enfin dans une cours donnant sur une grille donnant de nouveau sur une immense cours. Derrière cette grille se trouvait d’ailleurs une femme sombre au regard éclatant qui trépignait d’impatience apparemment, peut être était-ce Rodrielle qui l’attendait…

Messages : 51 Date d'inscription : 31/08/2010

Toujours en train de râler, la tatouée faisait les cent pas entre la grille et la cour, jetant quelques fois un oeil à la route, un autre au salon où Aramis attendait également. Le temps passait vraiment lentement aujourd'hui, et Rodrielle n'aimait vraiment pas cela. Cela ne faisait-il pas assez longtemps que les deux sœurs ne s'étaient pas vues ?

Mais un bruit étrange attira l'attention de la tatouée qui retourna à son poste d'attente. Les yeux plissés et la mains cachant le soleil, elle regardait la route à la recherche de la raison de tout ce vacarme, prête à dégainée le sabre et se défouler sur le manants qui osait rouler à cette allure devant le domaine du Vicomte. Mais

Ohhhhhhhhhh

Et là, plus aucun énervement, plus de colère ni d'impatience. Rodrielle arborait un immense sourire et agitait les mains au dessus de sa tête en direction de la blondinette qui s'approchait. D'ailleurs, la donzelle ne put que rire en voyant la conduite "brusque" d'Altariel. La digne sœur de sa sœur !

Lorsque la diligence s'arrêta devant les grilles, Rodrielle passa de l'autre coté du domaine et s'avança lentement. Une étrange sensation l'étreignit d'ailleurs, mélange d'excitation et de peur... Qu'allait-elle penser ? Qu'allait-elle faire ? La tatouée déglutit, passa sa main dans ses cheveux qu'elle ébouriffa pour cacher son inquiétude et s'arrêta à quelques pas du carrosse.

Ce n'est que lorsque les deux pairs d'émeraudes se rencontrèrent que Rodrielle sourit tendrement à la jeune femme.

Altariel... Est-ce bien toi ?

La petite fille intrépide avait tellement changé.

Messages : 14 Date d'inscription : 06/09/2010

A son arrivé devant la grille cette femme aux cheveux ébène qu’Altariel soupçonnait être Rodrielle agita les bras dans tous les sens, ce qui la fit sourire car elle reconnaissait bien là la délicatesse et la patience de sa sœur. Elle en était de plus en plus convaincue cette jolie femme à l’allure sombre mais extravagante était Sa sœur !!

La diligence arrêtée Altariel mit pied à terre et se retrouva à quelques mètres de Rodrielle qu’elle reconnu malgré cette drôle de cicatrice au niveau de son œil gauche. Sans se poser plus de questions elle relava ses jupons avec disgrâce et couru à grandes enjambé vers sa sœur en criant de tout son cœur et avec le plus radieux de ses sourires :

"Rodrieeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeelle"

Elle se retrouva rapidement dans les bras de sa sœur et manqua de les faire tomber toutes deux. L’étreinte dura un certain temps avant d’oser poser leur regard l’une sur l’autre par peur de ne pas être reconnu. Ecartant sa joue où ruisselait un torrent de larmes chaudes, Altariel sourit de nouveau en regardant le visage de Rodrielle qui avait changé certes mais il y restait cet air malicieux de leur enfance. Elle embrassa sa sœur sur chaque joue puis la serra contre elle une fois de plus avant de cette fois s’écarter et regarder sa sœur dans sa globalité pour admirer la belle femme qu’elle était devenue.

Messages : 51 Date d'inscription : 31/08/2010

Et c’est l’accolade du siècle !
Rodrielle attrapa Altariel qui s’élança dans ses bras, rassurée et heureuse d’avoir retrouvé une partie de sa famille. Et alors que sa petite sœur pleurait, la tatouée ravala ses larmes, n’esquissant qu’un immense sourire de joie. Elle n’arrivait plus à pleurer depuis longtemps mais elle espérait qu’Altariel ne lui en voudrait pas. Cependant, pour lui prouver son plaisir, la tatouée l’embrassa sur le front et lui caressa la joue en la regardant.

Le silence régna quelques secondes le temps que les deux sœurs se redécouvrent. Rodrielle affichait un sourire tendre alors que son regard parcourait la silhouette séduisante de la jeune femme en face d’elle. Si différentes mais pourtant identiques… Rodrielle poussa un soupire de soulagement, attrapa les mains de sa sœur et prit enfin la parole même si elle ne savait pas quoi commencer.

Alors, comment vas-tu ? Comment s’est passé ton voyage ? Comme tu as changé ! Tu es devenue si belle !

Remarquant qu’elle commençait à jouer la pie, Rodrielle se tut et sourit à nouveau. Elle passa l’un de ses bras autour des épaules d’Altariel et l’attira vers l’entrée.

Viens, je crois qu’Aramis nous attend… Et je pense que l’on a des tas de choses à nous raconter depuis tout ce temps…

Elle attendit alors son approbation et l’amena dans les méandres du domaine, en espérant d’ailleurs elle-même ne pas se perdre. Ce fichu château était tellement grand !

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